"Barbie" : 5 raisons pour lesquelles il faut absolument voir le film
Le slogan disait vrai : “que vous aimiez ou pas Barbie, ce film est pour vous”. A la hauteur de nos attentes en tous points, voici 5 raisons pour lesquelles “Barbie” est le blockbuster (féministe) de l'été. A voir absolument.
Iconique. C’est le mot parfait pour décrire le film Barbie de Greta Gerwig. Inaugurant une longue liste de futurs longs-métrages basés sur les jouets phares de Mattel, ce premier chef-d’œuvre nous offre un voyage au cœur de Barbieland, où le monde est évidemment peint en rose, où les Barbies outrepassent le plafond de verre en termes de carrière, et où la vie est plus que radieuse. Du moins, jusqu’à ce que Barbie (interprétée par Margot Robbie) se mette à dysfonctionner et entreprenne avec Ken (interprété par Ryan Gosling) un périple réparateur dans le monde réel, à Los Angeles. Une aventure qui viendra bousculer l’ordre des choses pour le pire à Barbieland.
Nous l’attendions avec impatience et Barbie ne nous a pas déçues. Voici 5 raisons pour lesquelles il faut absolument voir cette comédie théâtrale, en salle dès le 19 juillet 2023.
Alerte spoilers.
Pour son scénario profond et complexe
Comme beaucoup des succès hollywoodiens, le scénario de Barbie se base sur la structure narrative classique du voyage du héros, offrant une profondeur et une complexité surprenantes aux personnages prototypes de Barbie et Ken. (Par “prototypes”, entendez les poupées bimbos traditionnelles qui n’ont aucune carrière ou talent particulier.) Mais, Barbieland est un univers où règne innocence, fantaisie et légèreté. Donc même si le fond du récit se veut percutant, pas question pour la réalisatrice d’adopter un autre genre que celui de la comédie pour réaliser ce film.
Pendant pas loin de deux heures, on accompagne notre héroïne et son boyfriend dans les crises identitaires majeures qu’ils traversent. De son côté, Barbie a perdu de sa magie dû à ses pensées sombres incessantes. Ses pieds deviennent plats et elle ne flotte plus dans les airs pour se déplacer. Quant à Ken, il est lassé de ne pas être de plus grande utilité que le simple accessoire de Barbie. Chacun en quête existentielle de sens, on assiste dès lors à une humanisation des personnages censés n’être faits que de plastique, dont la courbe du sourire se renverse peu à peu. Et qui, soudainement, se mettent à ressentir toutes sortes d’émotions difficilement gérables pour des poupées en plein éveil de conscience. Les protagonistes découvrent alors le monde réel : une société capitaliste, dominée par le patriarcat, dans laquelle les femmes continuent d’être dévalorisées, sexualisées, et dominées par le sexe masculin. Situation sociétale à laquelle Barbie, à sa grande surprise, découvre avoir contribué.
Pour ses dialogues et mises en scènes satiriques hilarants
Si la structure narrative du film a tout pour captiver les spectateurs, elle est en réalité loin d’être la principale raison pour laquelle on a adoré regarder Barbie. En fait, on attribuerait plutôt ce mérite aux dialogues et mises en scènes absolument hilarants que nous ont offert les scénaristes Greta Gerwig et Noah Baumbach tout au long du film.
A titre d’exemples, ce sont de réels éclats de rire que provoquent chez les spectateurs l’image de la Barbie au visage colorié et aux cheveux coupés par un enfant qui l’a malmenée. Et c’est sans parler de l’excès de masculinité fragile des poupées Ken lorsqu’elles découvrent les principes du patriarcat mis en place dans le monde réel et tentent alors de conquérir Barbieland en les appliquant. Les Barbies ont dès lors affaire à des Kens machistes, obsédés par les chevaux de guerre, la bière et le film des masculinistes par excellence : Le Parrain. Soit, des mises en scène trop proches de la réalité pour être considérées comme des caricatures.
Frôlant constamment les limites du politiquement correct, les jeux de mots et références à l’Histoire ainsi qu’à la pop culture relèvent d’un génie créatif satirique que l’on a rarement l’occasion de voir au cinéma. Et sont assez nombreux pour faire rire le public tout au long de la projection.
Pour le mea-culpa de Mattel quant à son jouet un peu trop “parfait”
Faisant partie intégrante de la pop culture depuis plusieurs décennies (1959), la poupée Barbie de Mattel et Ruth Handler se veut représenter une idéologie du pouvoir et de l’émancipation des femmes. Néanmoins, bien que les intentions soient bonnes, la forme place la poupée aux milles carrières au centre de diverses controverses sociales, et donne même naissance au syndrôme de Barbie; un terme qui utilisé pour décrire le désir d'avoir une apparence physique et un style de vie identiques à la poupée.
C'est à raison que les proportions corporelles de la poupée ainsi que le manque de diversité (que ce soit en termes de morphologie, d’attraits physiques et de carnation) soulèvent des inquiétudes quant aux normes de beauté irréalistes auxquelles ces caractéristiques soumettent les petites filles. En 2016, Mattel répond à ce questionnement social en passant sa poupée au relooking, lui créant une silhouette plus ordinaire et en élargissant la gamme de ses origines ethniques, dans un effort de promouvoir l’inclusivité et le mouvement body positive. Effort qui se reflète dans le casting du film qui reprend notamment les acteurs Issa Rae (Insecure), America Ferrera (Ugly Betty), Sharon Rooney (Journal d’une ado hors normes) et Kingsley Ben-Adir (High Fidelity).
Avec le film Barbie, Mattel continue son mea-culpa en accentuant avec dérision les dimensions problématiques liées à sa poupée–d’ailleurs violemment rejetée pour toutes ces raisons par Sasha, une jeune fille aux origines latines que Barbie rencontre durant son séjour dans le monde réel. L’héroïne passe alors un mauvais deux heures (à défaut du quart d’heure), durant lequel toute son existence est remise en question tant elle se voit forcée de se détacher de toute cette perfection qu’elle affectionne tant. Une démarche, certes commerciale, mais que l’on apprécie de la part de la firme et qui ne manque pas d’ajouter de la valeur, un charme particulier à la production.
Pour la performance notable de Ryan Gosling
D’autant plus ironique : concevoir un film sur Barbie et ajouter au casting un acteur comme Ryan Gosling (N’oublie Jamais, La La Land) qui, on n’aime pas forcément l’admettre, arrache carrément la vedette à Margot Robbie (Suicide Squad, Le Loup de Wall Street). Si les deux comédiens incarnent chacun parfaitement leur rôle, l’interprétation de Ryan Gosling est un réel plaisir à contempler. Car c’est non seulement au prototype de Ken (qui est, précisons-le, à l’origine de la révolution patriarcale qui s’abat sur Barbieland) que sont données les meilleures répliques (la plupart du temps drôlement absurdes). Mais le chouchou des nanas ne se limite pas qu’à l’acting. A nouveau, il nous fait profiter de ses talents de chanteur et de danseur, nous ramenant tout droit dans les années 1990, à l’époque où Gosling faisait partie du Mickey Mouse Club. L’avis des internautes est unanime quant à la performance de la star : “en route vers les Oscars !”
Pour la vague de nostalgie
Les poupées Barbie remplissent les coffres à jouets de la plupart des enfants dans le monde entier. Elles ont rempli les nôtres, ceux de nos sœurs, et ceux de nos mères, laissant les hommes de nos vies venir s’y introduire en cachette pour s'emparer de nos poupées et y jouer. Pour certains d’entre nous, ces poupées n’ont pas réellement d’importance. Mais pour d’autres, elles représentent des moments d’innocence inoubliables et réconfortants. Des moments durant lesquels nous avons pu laisser s’étendre notre imagination et créativité, et où les poupées Barbies étaient les complices de nos aventures les plus extravagantes, nos confidentes secrètes, des porteuses de rêves, et les témoins silencieux de notre parcours. Peut-être aussi, des moments durant lesquels elles ont renforcé certains liens d’amitié et familiaux.
Cette production par les studios Warner Bros. fait écho à ces souvenirs lointains enfouis dans notre mémoire et nous offre une expérience empreinte de nostalgie et de chaleur. Expérience à laquelle contribuent les décors fidèlement reproduits selon les jouets Barbie vendus en magasin, aux différentes tenues emblématiques des personnages que chaque génération pourra reconnaître. Mais aussi à travers la relation mère-fille compliquée de Gloria (interprétée par America Ferrera) et Sasha (interprétée par Ariana Greenblatt), que les aventures de Barbie finissent par réunir.
Enfin, avec Barbie, Mattel casse les codes de cet univers que la firme a créé et admet qu’après tout, life in plastic n’est pas tout à fait si fantastique pour les Barbies et Ken qui ne s’y complaisent pas. Le message final du film ? Il est inutile de vouloir à tout prix rentrer dans le moule. Et il est toujours possible de faire dévier la trajectoire de notre chemin de vie, si tel est ce que nous souhaitons.
“Barbie” de Greta Gerwig, le 19 juillet 2023 au cinéma.